Lettre de Félicien Rops à [Maurice Bonvoisin]

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Je reviens de Marlotte & j’attends toujours la seconde lettre annoncée en réponse a la même a laquelle tu n’as pas du tout répondu. Fais moi le plaisir de la relire attentivement & de me « répondre » aux nombreux paragraphes qu’elle me semble renfermer. Dommartin est ici, je quitte Paris sous peu de jours pour cause de santé & pour la plus grande partie de l’été très probablement. Je n’ai pu donner la dernière main « au Scandale » qui en a très besoin & je ne crois pas te l’envoyer tout de suite, ne travaillant pas du tout & ne faisant que « prendre l’air » par ordre de la Faculté. Fais moi le plaisir de me renvoyer mes eaux-fortes, il me semble que tu as eu tout le temps de les cataloguer, je les attend le plus tot possible. Je dois en faire un choix pour le vendre à un

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jeune amateur qui fait à Paris un noyau de Nouvelle Collection & qui est disposé à ne pas la laisser à l’état de noyau. Je te prie donc de la reconfier cette collection aux mains de Mr Lechat. Je n’ai plus les épreuves des deux grands planches, – il faut que la surface du cuivre soit repolie légèrement à l’émeri avant de faire un nouveau tirage. Ces cuivres étant des cuivres bruts non seulement n’avaient pas été bizeautés mais n’avaient pas subi leur dernier polissage d’où des épreuves entièrement noires. – Je remets tout cela à plus tard. J’ai acheté hier une grande & très belle presse à rouleaux de fer car je compte comme je te l’ai dit de me livrer à une grande production d’eaux fortes, j’ai énormément de choses à reproduire & des plus curieuses & dont personne ne soupconne l’existence. Je serai installé pour la fin de l’été en aquafortiste émérite. En attendant, je laisse tout cela de côté, j’ai à me refaire

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une belle santé, & le reste n’est rien, je me moque de la peinture comme d’un vieux gant – « comparée » – à la santé, le premier des biens comme disent lmes vieux, & les vieux ont raison. – Le comte de Récy qui demeure 4 Place du Palais Bourbon, – Henry de Parvillez un autre amateur qui demeure Hotel d’Espagne rue Tronchet font des collections d’eaux fortes Rops & ce dernier surtout donnant un fort prix de mes croquis, (il ne collectionne que des croquis d’album & des eaux fortes) & des eaux fortes. Tu vois que tu es loin d’être seul & que je te donne les noms, ce sont peut être tes amateurs, mais ils sont enragés. – De Pervillez a déja un album de petits croquis, – il ne veut que des choses d’album & il préfère les petites choses, – en couleur, à la plume, au crayon ramasses partout, à prix ridicules comme prix forts & qui est des plus curieux déja. Il habite un chateau dans l’Indre, je ne sais où & loge au petit hotel d’Espagne lorsqu’il est à Paris. Il est fort désagréable, fort riche & a une maîtresse bien jolie & que je voudrais bien utiliser ; mais je n’ai vu le bonhomme

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qu’une fois par hasard & je crois que nous nous verrons peu. Il appartient à ce genre d’amateurs qui se défient des artistes, aiment fureter eux mêmes & trouver ce qu’ils cherchent. Il a beaucoup acheté à Sacré je crois. Quant à l’Enterrement je ne te l’ai pas proposé 1° Parce que je n’avais pas l’intention de la vendre 2° parce que je ne te crois pas homme à mettre 1500 ou 2000 frs pour un dessin & que je l’évalue à ce prix là.

Réponds à ma première lettre je te prie, il y a une foule de choses dont tu ne me parles pas.