Lettre de Félicien Rops à [Maurice Bonvoisin]

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Je comprends maintenant ta mauvaise humeur – que je ne comprenais pas. – Je suis heureux 1° Que la santé de Mme Bonvoisin soit sauve c’est l’important 2° Que la Saisie soit arrivée saine & sauve. Tu comprends le travail que j’y ai fait. Que veux-tu Mon Cher Maurice je ne peux faire « sous la jambe » Cela n’est pas dans ma nature. – Je vois que tu as bien vu ce que je voulais rendre. Je voulais que ce dessin soit « neuf » comme procédé & comme « dans l’air ». exempt des vieilles ficelles « noires » & des repoussoirs d’ombres portées & des fameux « clairs-obscurs ». Et je t’assure que c’était dur. Pour arriver à cela il faut faire tout sincèrement d’après nature depuis la dernière feuille des plantes jusqu’au nez de l’huissier. Je crois comme toi, que je n’ai rien fait de mieux & que le procédé est inédit.

Huysmans l’impressionniste en littérature l’a vu & n’en revenait pas comme difficulté vaincue. Je suis franchement très heureux que le dessin soit chez toi, en bonnes mains artistiques.

Inutile de te dire hein mon vieux Maurice que nous tenons mutuellement un silence naturel sur nos transactions. Quant on te demandera le prix payé par toi dis : très cher voilà tout.

Si tu pouvais faire encadrer la chose à Bruxelles et l’exposer un jour ou deux n’importe où où elle soit vue cela serait parfait. Il est de ton intéret aussi mon cher Maurice pour les remplacements des dessins à prix forts que, comme pour toute chose, il aient leur réputation faite. Donc écris quelques

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lignes dans l’actualité et Hannon en dira un mot dans l’Artiste. Gouzien avait fait quelques lignes pour La Chronique Artistique mais le journal étant annexé à la Gazette cela ne paraitra pas. Si je les retrouve, je te les envoie à Bruxelles. – Les peintures pour Herman sont prêtes. Veux-tu que je te les fasses parvenir à Bruxelles par l’agence de ton beau-frère tu les lui remettrais à l’occasion ? Donne moi ton adresse à Bruxelles. & dis moi si tu y restes quelques jours.

Achète pour moi sur notre compte (& tenons bien nos livres !) une bouteille de Japon-INK je te prie que tu m’expédieras à l’occasion aussi pour parfaire tes dessins.

Autre chose. Je te préviens que je t’expédierai au choix non seulement des dessins mais des peintures – si cela te va. À chaque instant les esquisses que je fais d’après nature ont une verve & un nerf qui se perdent dans la reproduction & au point de vue commercial une peinture est toujours plus vendable qu’un dessin. Je songeais à cela en regardant une femme jaune esquissée il y a deux ans & sur laquelle je viens de passer un jour ½ c’est une femme au piano. C’est vibrant en diable ! – Je t’engage à faire « rentoiler » tous les dessins – c’est peu de chose en plus & c’est inaltérable. & si on veut les mettre en Album on coupe la toile au châssis & voilà tout, si on veut les encadrer cela s’encadre plus facilement, – & cela permet toutes les retouches ! et les transports ! Tous les dessins de Gouzien sont rentoilés & il s’en félicite. C’est comme je te l’ai dit une affaire de cinq à dix francs par dessin. Seulement je dois le savoir avant l’exécution des dessins parce que je fais rentoiler à moitié de l’exécution pour éviter les accidents.

Je compte t’envoyer une grande canaille de berger breton que j’avais rapporté de là bas & que j’avais oublié de te rapporter montrer.

Reçu les 1,300 frs, merci. – Quant au billet pour Nys, je ne peux le faire Mon Cher Ami que si Goethals a déclaré avec le conseil la societé dissoute. – J’ai signé un engagement formel. Informe toi de cela voici le papier. –