Numéro d'édition: 2627
Lettre de Félicien Rops à [Marie ]
Texte copié
N° d'inventaire
II/6655/468/41
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
Juillet 1874
Je sais, mignonne aimée, combien il y a de gens interessés à ce que je ne divorce pas.. Il y a en cas de divorce beaucoup d’intérêts lésées.. Je n’ai qu’un fils, et si par malheur ce fils venait à mourir, un malheur est vite arrivé, toute sa fortune, en cas de non divorce, reviendrait à certaines gens, qui évidemment ont ourdi une trame dans laquelle nous avons été englobés.. Il n’y a que cette version pour expliquer une affirmation aussi mensongère que celle que l’on t’a faite et des calomnies aussi bêtes, et aussi niaises.. Car ces gens s’ils me connaissent aussi intimement qu’ils le disent, doivent savoir le contraire de ce qu’ils avancent.. Donc ils ont un but, et ce but je veux le connaître..
Mais as-tu le droit, toi, mignonne adorée sans me permettre de me défendre, de briser notre vie. Nomme moi donc ces gens !
Te tromper moi, Chérie, toi, chère toi, quand je bâtissais notre bonheur avec tant de patience, et tant de soins. Toi qui partages jour par jour ma vie depuis deux ans, comment ne
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sens-tu pas l’impossibilité de tout cela. : Je ne t’ai pas trompée une minute depuis que je te connais. Tu ne dois croire que moi, et je t’avais prévenue à notre retour de Blankenberghe de tout ce qu’on ferait contre ce pauvre bonheur à nous deux que je tâchais de construire.
J’ai reçu plus de trente lettres anonymes où l’on te trainait dans de basses calomnies, quand rien n’y a fait, on s’est tourné vers moi.. Tu te rappelles les méchancetés que l’on te disait sur ce pauvre Fély qui t’a toujours aimée de toute son âme..
J’ai agi envers toi dans toute la loyauté de l’amour le plus noble, et le plus pûr qui ait jamais fait battre le cœur d’un homme, et tu as pu me croire assez vil, assez misérable pour croire à un partage quelconque avec ma femme !!
Sur la tombe de ma mère, entends tu je ne t’ai pas trompée… Je ne t’ai pas trompée, Crois maintenant les misérables qui veulent nous séparer !
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Je préfererais, et je trouverais plus honnête de voler et d’assassiner que de te faire faussement un semblable serment.. Mon cœur se soulève d’indignation. Ah ! Si tu ne me crois pas, c’est que tu ne m’as jamais aimé.. Comment ne sens-tu pas qu’un homme qui n’est pas un forcat ne fait pas de pareils serments..
Tu as vu une lettre que j’écrivais devant toi, pour mettre dans une lettre de Paul, car devant cet enfant je gardais envers ma femme des formes extérieures afin que puisque je lui faisais un si grand sacrifice, il fut profitable, et qu’il n’ait pas l’exemple de l’indifférence profonde que nous nous portons.
Elle avait son monde, moi le mien, entre nous ma liberté absolue, jusqu’à majorité de l’enfant.. Enfin tout ce que tu dis est si insensé que je suis tenté de croire que ces gens n’existent pas, et que tu veux te débarrasser de ce pauvre amour, si tendre, si dévoué si grand.
Pauvre grand chien de Fély,
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doux et fidèle, et te léchant les mains, ces mains pâles qui frappent sans pitié
Je t’aime
Fély.
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR