Lettre de Félicien Rops à [Edmond Picard]

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J’ai quitté Bruxelles pour quelques jours seulement, je suis venu prendre une bouffée d’air parisien, puis je retourne ; vers le quinze novembre, j’irai vous serrer la main.

Je vous envoie la liste complète de la collection vendue à Mr François Olin.

Il y manque quatre dessins :

N° 61 – La Grève

N° 67 – L’Olivierade

N° 42 – La Dame à la Fourrure

N° 95 – Dernier Soupir

Ces dessins avaient été frottés légèrement dans la malle lors de mon voyage à Bruxelles. Un de

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mes amis vous les remettra au commencement de la semaine prochaine Mardi ou Mercredi.

J’ai reçu de Mr Francois Olin 1,000 francs sur cette collection de 1500 francs en deux payements. J’ai une proposition avantageuse à faire à Mr Olin. Si à la fin du mois il veut bien me régler ce petit compte (contrairement aux conditions que j’avais posées qui lui laissaient toute latitude pour ce dernier payement) je lui offrirai en surplus de la collection comme prime, le dessin du frontispice du Christ au Vatican que je viens de terminer pour une brochure attribuée à Victor Hugo. & qui me paraît un dessin bien venu & intéressant. Il est juste que je dédommage Mr François Olin des petits tracas que je peux lui causer.

Je vais m’occuper du frontispice de Van den Eyde de façon à ce qu’il arrive avant la nouvelle année. – J’ai changé l’homme, il est un peu « romantique » mais c’est « le ton de la chanson » qui a vieilli.

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Communiquez ma lettre à Mr Francois Olin s’il vous plaît Mon Cher Picard, & donnez moi au galop un mot de réponse, sans trop perdre de votre temps. J’aurais bien voulu retourner un brin, dans cette belle vallée de Famelette. Voici les forêts qui rougissent comme des fillettes & les peupliers qui se couvrent de louis d’or pour embêter les peintres qui n’en ont jamais tant que cela, cela doit être bien beau la bàs. À ce propos, dites donc à Baron, bon peintre, de me dessiner un croquis de Fammelette d’où cela lui plaira, je le graverai pour les menus & le papier à lettre de Mme Picard. Je n’oublie pas mes promesses ! – J’ai de l’ordre dans mon désordre, comme Mercadet ! Et je finis toujours par payer mes dettes à la stupéfaction de mes créanciers.

– Excusez moi encore auprès de Mme Picard d’avoir bavardé aussi insupportablement que je l’ai osé faire encore pendant deux jours. C’est la faute à ce petit mitron de Maus & à son armoire à cordes ! Moi je suis comme les canaris, quand les pianos parlent, je crie & l’on ne s’entend plus.

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J’avais trouvé une vignette (insolente pour les Belges) qui irait à Mme Picard Comme les Bruxelloises jalousent naturell[ement] ses toilettes et son « genre parisien » &c

il serait assez amusant de graver des chiens « aboyant à la lune » qui « impavida » continuerait sa course à travers les nuages en disant sur la banderolle :

ou bien la devise italienne :

Je suis hors d’insulte.

ou : Despicit alta minos !

– Qu’en dites vous ? Il faut toujours être désagréable aux Bruxellois !!

– Belle ville Bruxelles, mais de cervelle point. – Quand j’entends dire qu’il faudrait 200,000 Bruxellois « de plus » cela fait trembler !!