Lettre de Félicien Rops à [Armand Gouzien]

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1ère Lettre.

Merci Cher Vieux de la rapidité avec laquelle tu as fait les courses & je vais en abuser. Ouvre tes entendements c’est compliqué. D’abord Amand Durand :

Je t’engage, si tu veux avoir des épreuves intéressantes de Musset du frontispice & tu comprends combien ces épreuves auront de valeur à cause de leur rareté plus tard, a dire à Amand Durand que tu feras toi-même l’envoi des cuivres (étant en rapport avec moi &c &c journellement) Voici pourquoi : c’est que Amand Durand tire tout comme un cochon, un simple cochon & que les épreuves envoyées seront toujours embêtantes, elles sont nécessaires pour voir son travail mais embêtantes. Il faudrait donc que chaque fois que l’on a fini des cuivres, on te les passe que tu te rendes chez Liénartrue St Jacques, pas chez Salmon et pas chez Cadart pour raisons sérieuses, chez Liénart, rue St Jacques, j’ai oublié le n°, tu lui donnerais le cuivre en lui disant de te tirer six épreuves, pas plus : deux sèches, deux relevées ordinaires & deux très relevées Tu en garderais deux pour toi une sèche & une relevée puis tu me réexpédierais : à Mr Gindre pour remettre à MrCamille Blanc à Monaco, plaques épreuves & dessins emballés sous carton. Tu achèteras une feuille de fort carton. Tu te feras ainsi un Musset unique & ravissant. – Donc commence par ce frontispice & tâche que je l’aie le plus vite possible. –

A Dujardin : 28 rue Vavin.

Le Dujardin est un être bizarre : Je suis allé chez lui il y a un mois pour la reproduction d’une planche de Millet, il m’a fait attendre trois Semaines & il m’a envoyé une plaque dont je suis assez satisfait. Je lui ai remis avant mon départ un dessin plus compliqué, pour me rendre bien compte de son précédé il m’a dit que c’était très gris mais qu’il le ferait & depuis lors nulles nouvelles ! –

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J’ai envoyé le petit Léon Duluc chez lui, pas de nouvelles encore de cette commission, j’attends sa lettre, il était chargé de reprendre ce 2e dessin dans le cas où la planche ne serait pas faite. – Donc va chez lui avec deux dessins ci-joints Deux lettrines sur la même plaque & un Mr qui joue de la flûte. Ces deux dessins, celui qui joue de la flûte surtout sont faits pour savoir à quoi s’en tenir. – Dis lui qu’il me les réduise de moitié. – S’il fait des objections, s’il me dit que c’est un essai que je veux faire afin de me baser là dessus pour savoir juste à quoi m’en tenir. Du reste il y a ici un billet pour lui. Et dis lui qu’il te fixe exactement un jour pour que tu ailles chez lui prendre les plaquesle plus tôt possible alors tu feras comme pour Amand Durand tu iras faire tirer chez Liénart six épreuves des deux plaques –

deux sèches

deux relevées tirage nourri, ordinaire

deux très relevées –

de chaque plaque

Pour le payement des épreuves tu feras faire une petite note à Liénart & nous réglerons cela.

– Tu comprends que Dujardin ne demandant que 15 francs au lieu des 60 que Durand demande, il y aurait à le prendre en sérieuse considération s’il réussit à me donner un travail propre & utile.

Rien de neuf ici Cher Vieux le train-train ordinaire la petite Simon partie ; heureusement, elle était agaçante ; Jeanne va retourner moi je reste jusqu’au 25 puis nous retournons par train. – Le Musset marche, tu vas recevoir une Mamouna & un Don Paez – J’ai bien des choses à te raconter. – pour plus tard.

Fais vite & donne-moi réponse. N’oublie pas de joindre chaque fois à la plaque le dessin c’est nécessaire – & emballé (le dessin) de façon à ce que qu’il arrive intact.

Tout le monde te fait des amitiés sans nombre.