Numéro d'édition: 3492
Lettre de Félicien Rops à [Auguste Poulet-Malassis]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Auguste Poulet-Malassis
1825/03/16 - 1878/02/11
Lieu de rédaction
Malung au pied des Dofrines
Date
1874/08/16
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
PU/LE/003
Collationnage
Publication
Date de fin
1874/08/16
Illustration
Lettre illustrée
Aucune image
De Malmüng au pied des monts Dofrines entre la Suède et la Norvège, cherchant une voie quelconque pour gagner Drontheim qui s'appelle ici Trondjem, sans savoir si cette lettre vous parviendra, mon cher Malassis, je vous écris aujourd'hui 16 août, le lendemain de la fête de votre Empereur.
Je vous expliquerai plus tard et longuement comment il a fait que j'ai roulé 600 lieues en steamer, en chemin de fer, en poste et en charette norvégienne pour venir ici échouer au pied des Dofrines, les Pyrénées de la Nordland, avec ma boîte à couleurs. – Ce sont les mystères du hasard. Si j'arrive à Drontheim, je serai rapidement à Paris, car le commerce du bois attirent une foule de navires français dans ce port ; mais j'en suis encore à 120 lieues j'ai à traverser des montagnes hautes comme les Alpes, des glaciers, et, dans ce pays, le postmester vient prendre les lettres une fois par mois ! Aussi cette lettre doit être portée soit à Gèfle, soit à Koping par un voyageur de commerce qui descend le Dal, un fleuve grand deux fois comme la Seine et que je ne connaissais pas même de nom avant d'être venu en ces pays fous. Je suis content d'être venu parce que j'ai vu des choses admirables et que l'on ne voit pas des costumes fantastiques et un pays de féerie. Je n'ai pas encore reçu la lettre que vous avez dû répondre à la mienne, mais elle doit m'attendre à Christiana, où je passerai.
Le « voyageur attend, je n'ai que le temps de vous envoyer ma vaillante poignée de main, mon cher Malassis, et de vous prier de transmettre mes bonnes amitiés à Fanny et à nos amis.
Bien votre
Fély Rops
Et peu de plantes, mais on voit des élans bramer le soir dans les rochers botaniquement pays peu curieux : des mytilliers bizarres, à fruits écarlates, des fougères étranges et des bruyères inconnues, le comarum palustre, la calla : une aroïdée aquatique, et le laurier de Saint Antoine (l'épilope à épis) y foisonnent par exemple des sapins et des bouleaux inédits. Le fond de l'horticulture jardinière est le sorbier, mais des sorbiers comme il n'en existe pas chez nous et dont je rapporte des graines, un arbre touffu comme un tilleul superbe ! puis un saule qui est l'arbre le plus pittoresque du Nord et qui affecte des formes méridionales. Cela ressemble à un immense pommier avec un feuillage de saule. C'est fort beau et fort curieux.
À vous j'ai écrit cela pendant le temps que l'Allemand allumait sa pipe.
Vu deux Lapons avec un renne hier ! qui allaient se montrer à Stockholm.
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