Lettre de Félicien Rops à [Edmond Alphonse Charles Lambrichs]

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Paris. 11 mars 75

Je te renvoie la fin de la liste que j’ai retrouvée, & une autre liste que Jules m’avait remise. Je ne comprends pas les raisons que Jules peut avoir « d’être furieux » contre moi. Mr Walkenaer te dira lui-même que n’ayant pas le temps de porter la lettre dont je l’avais chargé à Mlle Octavie Callewaert il l’a remise à la Gare du Midi, à dix heures du soir, à un commissionnaire avec ordre de la porter le lendemain 26. Rue de l’Industrie, lui, devant partir tout au matin pour Bruges. – Je ne veux pas qu’on doute de ma parole et pour ce, à mon retour à Bruxelles, retour momentané, je me rendrai avec Mr Valkenaer chez Mlle Callewaert.

Je suis arrivé depuis quelques jours & je vais très activement, naturellement m’occuper de la Société et travailler moi-même. Je cherche une installation pour l’été aux environs de Paris, – à Argenteuil ou à Enghien je ne sais encore. – Je ne vais guère mieux Mon Cher Ami le moral & le physique se tiennent. Tu vois bien qu’il ne dépend pas de moi de suivre tes bons conseils, & de rentrer à Bruxelles, et de « montrer » à Bruxelles pour faire tomber les bruits fâcheux. – Ma femme apporte dans toute cette affaire une grande satisfaction de vengeance qu’elle mène à bien. Je n’ai pas à m’en plaindre & je n’ai pas à dire combien j’en souffre.

Je vais passer par Bruxelles, pour prendre quelques mesures relatives à la Société, & mes outils de peintre & de graveur pardessus le marché, je vais tâcher de produire, et il me faut je t’assure une double énergie & un double courage

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pour le faire dans les dispositions où je me trouve. Envoie moi quelques exemplaires de la publication

Hôtel d’Espagne Rue Tronchet

Paris.

et écris-moi à cette adresse. Dès que j’aurai trouvé un coin pour me refugier je te le dirai. Dis à tout le monde que : Je passe mon été à Paris parce que le médecin m’a ordonné les eaux d’Enghien, – ce qui est vrai d’ailleurs. Cela expliquera pour les Aqua-fortistes l’absence de la Direction pendant quatre mois. Au mois d’Aout du 15 au 30 juillet je reviendrai, si les dispositions de ma femme sont changées à mon égard ; – ce qui n’est guère probable, car dans ces cas là, la séparation ne fait qu’aigrir mutuellement. – Dans ce cas de perpétuité de séparation – je prendrai alors des mesures que les circonstances me dicteront.

La Société des Aqua-fortistes est maintenant pour moi un but. Je vais commencer une eau-forte importante pour le prochain n° & j’irai partout rendre visite aux artistes parisiens, et vous faire parvenir des cuivres. Sois persuadé que j’y apporterai tous mes soins & que ce n’est pas ma faute si la réussite n’arrive pas ; mais elle arrivera. – Mettez la Délécarlienne où vous voulez.

– J’ai encore beaucoup de choses à t’écrire & je continuerai dans deux ou trois jours.