Numéro d'édition: 2428
Lettre de Félicien Rops à [Edmond Alphonse Charles Lambrichs]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Edmond Alphonse Charles Lambrichs
Lieu de rédaction
s.l.
Date
1880/07/25
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
MRBAB/AACB/007359
Date de fin
1880/07/25
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l'Art Contemporain
Page 1 Recto : 1
Samedi 25 juillet 1880
Mon Cher Edmond
Décidément nous ne faisons que des bêtises & on a bien raison de dire que l’on ne s’entend pas par lettres! – Je t’écrivais hier que effectivement j’allais faire un voyage, il s’agit de faire des croquis de Bretons pour la Bretagne ancienne & moderne de Charton. – J’avais refusé, au reçu de vos lettres et devant, la proposition deux fois répétée dans deux lettres différentes par toi & par Camille de m’envoyer les deux mille quatre cents francs par retour du courrier, j’ai accepté les propositions que j’hésitais à accepter étant un peu à court de fonds pour le moment. La Maison Charton est une excellente maison une des premières de Paris, elle paie toujours parfaitement, mais comme toutes les vieilles Maisons de Paris, elle ne paie qu’à son heure & ne donne pas d’avances. C’est ce qui m’empêchait d’accepter ses propositions. Je ne toucherai effectivement d’argent de
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la maison Charton que dans un an en juin ou juillet de l’an prochain ! – Il me fallait un compte de mille francs d’avances pour exécuter ce travail, – vos propositions m’aplanissaient tout, & tu comprends que devant cette situation, je ne peux reculer ! Le père Charton est l’ami de tous les éditeurs de Paris, leur doyen, c’est un vieux rageur, protestant & correct, il a écrit à ses dessinateurs, naturellement, que je me chargeais de la besogne, je suis absolument engagé. – Hier avant d’apprendre ce que tu viens de m’écrire je t’écrivais que je partais. – Que veux-tu que je fasse ? Je ne peux me mettre à dos le syndicat des éditeurs ! – Tout cela se tient ici, il faut connaître la boutique ! Il me mettront à pied, il a fallu les bonnes raisons que j’ai données pour le Musset, pour que Lemerre ne force pas sa plainte au Syndicat. C’est très sérieux tout cela ici & on vous en dehors un artiste pour des choses comme cela, Charton braillera que je suis un homme sans parole &c &c ! Je ne peux pas faire ces choses. Van Camp aura un beau tableau pour le prix coûtant
– Notez que les Cigognes & la Roulette me reviennent plus cher que je ne l’ai dit pour faciliter les choses, – voilà le vrai.
À toi mon vieux & réponds vite.
Si la chose ne se faisait pas suivant mes propositions je serais obligé de retenir 1,200 frs sur les Cigognes pendant un an et vous concevez que cela serait déplorable et ridicule ! – Vous me mettez dans une impasse, mon cher vieux, vous savez que je dépense ce que je gagne & que je vis, comme toujours, un peu au jour le jour, –
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j’allais refuser comme je vous le dis cette affaire de Bretagne lorsque vos lettres sont arrivées, – comme la chose pressait – on doit partir mardi ou Lundi soir, pour aller indiquer avec les auteurs les points de travail & tracer en quelques jours les grandes lignes de l’ouvrage. Thérond & Grandsire dessinent les paysages puis nous sommes trois dessinateurs de figures, mais je fais la forte besogne. Cette première besogne faite on travaillera là pendant une partie de l’hiver & du printemps & allant & venant. – Tu vois que si je rate, c’est grave, après avoir accepté. Comme je te le dis, je n’acceptais pas parce que le payement ne se faisant qu’en juin 1881 je n’avais pas les moyens d’attendre ! – Mais une fois accepté, il faut que je marche !
À toi
Fély
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