Lettre de Félicien Rops à [Louis Lefèvre]

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Copie de la lettre adressée à Mr Lefèvre par Rops – le 10 Nov. 1893

Voici ma nouvelle adresse pour commencer :

N°2 Rue du Marché des Blancs Manteaux

Cela vous parait drôle de me voir niché en plein Marais ! C’est tout bonnement parce qu’il n’y a qu’au Marais que j’ai pu trouver de vastes appartements à bon marché, relativement. – L’endroit est laid, extérieurement, mais ces locaux Louis XV sont délicieux à habiter. Je lâche au nouvel an mon atelier Rue de Boïeldieu. J’ai trois ans de bâtisse à l’Opéra Comique à subir, si j’y reste ; trois ans de poussière, de plâtras et de Limousinisme : c’est trop ! Je vais tâcher de me faire édifier quelque chose à portée de mon appartement, si je le peux, ou plutôt si mon propriétaire le veut. J’occupe l’appartement de Lavoisier et de La Quintinie, entre deux cours pleines de lumière. Il faut venir dans ces quartiers-là pour trouver encore cela ! Il y a dans ces affreuses rues : les vieilles de francs Bourgeois, le français Miros, etc, des merveilles – un peu trop chères pour moi ! – mais les prix d’un cinquième étage au Boulevard Montmartre ! Et cela n’est pas loin ! Je suis près d l’Hôtel de Ville : rue Vieille du Temple. N’oubliez pas que c’est Rue du Marché des Blancs Manteaux, et pas ; rue des Blancs Manteaux ! L’idéal serait d’habiter : Place Royale ! Je comprends V. Hugo allant habiter là. C’est tout à fait extraordinaire ! c’est monumental, et hors des Boulevardiers ! – Maintenant que je vous ai laissé mon adresse, à vous ! Comme vous le voyez je vous réponds presque par retour du courrier, ce qui doit vous étonner ! Vtrès bien ! Je vous enverrai un exemplaire de la Sphynge (ou plutôt une épreuve) et une autre de la femme au cochon dans quelques jours ; mais où faut-il les envoyer ? et comment ?

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car je crois que la censure anglaise ne laisserait pas passer les gravures ayant comme représentations des dames avec les poils au pubis ??? Sans cela je peux vous les envoyer sous rouleau, comme d’habitude. La Revue française a bon aspect : c’est nutritif et cela a l’air rédigé par des gens très honnêtes, gens qui ont l’air dans l’instruction, animés de bons principes, et nourris de bonne langue. Tutard doit avoir les tiroirs pleins de diplômes, et son éloge de l’honnête français, à propos des et , recèle une belle âme. Il doit lacher la deuxième Emprise ; sa littérature s’arrête à 1854. L’âme d’Huguenet ne manque pas d’albinisme et mon pauvre ami Maupassant doucement d’être jugé avec ces couleurs d’un autre âge. Il n’y a que vous qui apportiez un peu de modernisme, en cette revue qui rappelle ces Revues Britanniques, et les sains jugements de John . Bonne chance tout de même à cette Revue pleine de discrétion, de et de bon ton, qu’eut approuvée Mme Ancelot– de l’académie française, et par Mr Ancelot, mari de Mme Ancelot, et qui ne fut jamais que cela.

Ah ! voilà ! J’expose à l’Art-Club !!!! Vous me demandez ce que c’est que l’art Club – Je n’en sais rien. Cela regarde mon brave ami Reffitt Oldfield artiste peintre qui sévit là-bas. Il demeure à ce que je vois c/o James Newman Soho Square London. et honnête J. W. je n’en sais pas davantage. Seulement je voudrais savoir si mon Dessin : La grande Lyre lui est arrivé. Seulement aussi si vous avez une heure de temps, allez donc voir cet excellent Newman Soho Square 24 et demandez lui s’il a reçu un grand diable de dessin expédié de Paris pour l’exposition de l’Art Club de la part de Mr F. Rops pour Mr Reffitt Oldfield artiste peintre. Si vous voyez Reffitt nommez vous, dites-lui que vous êtes mon ami et vous ferez connaissance. En attendant un mot de vous, je vous serre la main, mon cher Lefèvre. Rassurez vous, je répondrai à toutes vos lettres, et nous parlerons de Baudelaire et très longuement dans la prochaine lettre. Je passerai peut être vous confier une lettre de Baudelaire à reproduire.

Mais qu’est ce que l’Art Club ???. – Dites moi cela. Mystère ?!. J’y expose tout de même, à ce qu’il paraît ! Huguenet en ses blancheurs me trouvera !