Lettre de Félicien Rops à [Edmond Alphonse Charles Lambrichs]

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je te remercie de ta bonne lettre, qui m’a fait éprouver de tristes émotions mais qui était attendue avec impatience. On s’intéresse à un ami jusqu’à sa dernière minute & tous ceux que j’interrogeais ici me répondaient à peine & ne me donnaient pas de détails. – Tous les amis se sont bien conduits, j’en suis heureux. – On est venu un peu tard au secours, mais ce n’est pas notre faute à nous deux.

– Naturellement Mon Vieux, les deux tableaux que j’ai de Dubois appartiennent à son exposition & à sa vente – J’ai payé Les Cigognes douze cents francs et j’ai pris ou plutôt Dubois m’a donné la Table de Jeu pour quinze cents francs qu’il me devait. – Je laisserai la table de Jeu pour 1200 frs et les Cigognes pour le même prix. Tout ce qui dépassera ce prix appartiendra à la Succession. Les Cigognes sont chez Wilson sans cadre. Le Cadre d’ailleurs ne consistait si tu te le rappelles qu’en un encadrement de menuisier : composé

d’une planche noire sur laquelle on colle des demi-moulures à plat, cela coûte

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fort peu de chose & cela fait assez d’effet. Du reste je crois que les planches de ce cadre, se trouvent encore chez ma femme à Louvain rue Léopold. –

Le cadre de la Table de jeu est un peu endommagé. Les Cigognes sont chez Wilson. La Table de Jeu chez Sembach 35 Rue des Petits Carmes. Ci-joints deux billets pour eux. – Wilson – Wilson demeure rue Capouillet, J’ai encore une tête de Dubois au crayon que j’avais retouchée & qui est très belle comme caractère. – Puis un autre dessin à Bruxelles.

J’ai encore aussi outre un paysage de Dubois retouché par moi (comme je ne soupconnais pas qu’il dut revenir à Bruxelles, j’y avais ajouté des personnages et j’y avais fait ce qu’il m’avait plu d’y faire, j’y ai ajouté des ce que j’avais cru

pouvoir bien faire. –

Je n’ai pas répondu tout de suite à ta lettre,

– Il faudrait je crois faire l’exposition de Dubois le plus tôt possible ; afin de profiter de l’intérêt que sa mort fait porter à sa mémoire.

Je désirerais avoir les adresses de Marie & de Juliette pour leur écrire un petit mot d’amitié. Marie est ma filleule & je lui dois une lettre en ces circonstances pénibles.

Si tu passes cette année sans venir à l’Exposition, il ne faut absolument

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pas que tu passes l’année prochaine sans la voir. – Je t’obtiendrai une passe au besoin. – Cela ne t’ôtera aucune de tes qualités flamandes & je suis certain que pour certaines choses cela te seras très profitable.

Les Cigognes & la Table de Jeu sont les deux pièces importantes de l’œuvre de Dubois, – celles du plus grand effort. Si le Musée les avait il aurait là l’expression du vrai Dubois du Dubois de la lutte, le plus curieux à voir.

– Je t’enverrai le dessin & l’autre toile retouchés que j’ai ici. C’est très intéressant. Ce que Dubois a fait est très respecté. On pourrait mettre au Catalogue : personnages de Rops tout simplement. – Pour la vente, je laisserai la moitié du prix de ces deux œuvres à la famille. J’oubliais de te dire que ces deux œuvres m’ont été aussi laissées par Dubois pour reliquats de compte. – Je ne me rappelle plus la somme d’ailleurs, c’était à l’époque de Beez pour des payements de location. Lorsque Dubois est venu à Paris il a fait cette tête de femme d’après . Il l’avait fortement enlaidie je l’ai retouchée & complétée. Et voilà la collaboration établie.

Ma femme à Louvain a le portrait de Mme Simonis & une nuque de Mme Rorcourt mais il ne peut être question de vente pour ses deux portraits naturellement. D’abord ils ont été données par Dubois pour

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argent prêté par Mr Pollet mon beau-père, – je n’y ai donc aucun droit, – puis je sais que ma femme y tient énormément – Et puis il serait tout à fait impossible de vendre des portraits, à part tout autre considération.

Evenepoel a ici un bon Dubois il faut le lui demander.

Si le rentoileur de la rue de l’Escalier voulait, (à prix d’artiste & pour aider dans ses moyens à l’œuvre) bien rentoiler la Table de Jeu qui a été peinte avec une rajoute de toile qui s’est fendillée & qui se détache on vendrait le tableau beaucoup plus cher. Cela dépare l’œuvre de Dubois cette horrible fissure. Je voulais le faire prochainement rentoiler ce tableau du reste.

J’ai oublier le nom de ce rentoileur mais je le connais, présente toi de ma part. C’est le beau-père de Flameng.