Numéro d'édition: 2382
Lettre de Félicien Rops à [Max Elskamp]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Max Elskamp
Lieu de rédaction
Paris
Date
1887/03/01
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
MRBAB/AACB/003196
Collationnage
Photographie
Date de fin
1887/03/01
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l'Art Contemporain
Page 1 Recto : 1
Paris le 1er mars 1887
Monsieur
La lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, a été par erreur envoyée à la Campagne, le jour où j’en revenais, & ne m’a été retournée qu’aujourd’hui. Je suis au regret, croyez le, de n’avoir pu vous répondre plus tôt, & je vous prie de m’en excuser.
– Je vous remercie Monsieur, de votre extrême gracieuseté, & de la flatteuse proposition que vous me faites au nom de vos amis, en me demandant d’être « des vôtres ». Je ne vous apporterai pas l’aide d’un chef ou d’un maître, mais l’appoint de courage d’un simple soldat, non gradé, & dont cependant les bras sont couverts de chevrons & de cicatrices, pour la part modeste mais honorable, qu’il a prise à tous les bons combats dont vous parlez, & où vous marchez à votre tour d’un pas allègre & d’un cœur vaillant.
– Je crois que
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de vie que par d’incessants avatars. Je crois que « les Jeunes » sont les plus expérimentés, étant en réalité les plus anciens, par la raison simple : que les gens qui peignent en 1887, sont plus vieux dans l’histoire des Âges, que ceux qui faisaient la même chose en 1840. Le mépris des Vieillards qui n’ont pas su se transformer et suivre l’évolution des temps, me paraît être donc le commencement de toute sagesse, & leur disparition : un bien. Voilà pourquoi si j’en avais le pouvoir, je conduirais, impavide & souriant, les Instituts entiers aux abattoirs municipaux, intimement persuadé que, si ce léger sacrifice offert aux Muses, pouvait causer peut être quelqu’affliction dans certaines familles, – et encore cela n’est pas prouvé, – il n’y aurait aucune perte pour les Arts de notre pays. Le seul fait de briguer une place dans ces mornes réunions étant toujours l’indice d’un cerveau creux ou vidé, – & d’une âme vile par dessus le marché !
– Le dessin-aquarelle que vous me demandez d’exposer Monsieur, est « bien ancien » & d’un faire bien sec. Cependant, tel qu’il est, je veux bien vous autoriser à le faire figurer à l’Art Indépendant. Je prendrai ma revanche à une autre exposition de votre Société. J’ai un dessin-croquis qui sera disponible dans quelques jours, mais je ne crois pas pouvoir vous l’envoyer avant le douze ou le quinze mars. Il est dans les mains d’un graveur qui ne peut avoir terminé sa gravure avant cette date. Si vous le désirez, je vous l’enverrai pour le quinze. Il est assez curieux, à ce que je crois, & d’une certaine vibration. – C’est intitulé : L’Eau-forte, & c’est tout à fait inconnu. Il y a une femme nue qui grave, entourée d’autres femmes, de notaires, de croque-morts & &c c’est d’une gaieté douteuse. Ce n’est pas grand, & si vous me réserviez une petite place, je serais heureux de vous donner ainsi qu’à mes futurs compagnons cette marque de sympathie. Puis je retrouverai chez vous, deux amis & deux
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bons compagnons des luttes d’antan. MMrs Maurice Haghemans, & Marcette, à qui j’envoie d’ici une vieille poignée de main.
Bon courage & bonne chance.
Recevez l’expression de mes sentiments de bonne Confraternité & mes vœux de succès :
Félicien Rops
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Support
4 pages.
Copyright
Ro Scan, J. Geleyns