Page 1 Recto : 1
Voilà un long post scriptum & j’ai encore quelques lignes à faire : vous me dites que le dessin que je garde est une compensation. D’abord je peux faire vingt dessins du sujet que cela ne regarde pas plus l’éditeur que si je faisais un tableau d’histoire ! Puis je ne fais pas toujours de dessin de l’eau-forte, je ne fais souvent qu’un croquis « vague » & je grave d’emblée, la planche y gagne en verve. – Et d’ailleurs le dessin est une chose en dehors, quand un éditeur veut le dessin d’une œuvre il la paie, comme on fait pour les Leloir & pour moi. Dalloz m’a acheté six dessins avec droit de reproduction, demandez lui le prix qu’il les paie. Ils étaient exposés dans ses bureaux il y a dix jours, au quai Voltaire.
– Tant mieux Mon Cher Kistemaeckers si vous avez un fort public de livres curieux, & tant mieux aussi s’ils se contente de peu. – c’est l’Idéal cela ! – Il faut lui servir ce qu’il aime ! Si vous aviez encore d’ici à après demain quelques feuilles de la Chandelle d’Arras cela me ferait plaisir. Je n’ai pas encore vu cette fameuse chandelle arriver autrement qu’en incident, & cela me gêne pour le dessin qui est commencé par le bas où figure les deux femmes se rossant, les tétons au vent.
Ne vous inquiétez pas d’ailleurs si nous ne nous entendons pas, je garderai ces deux planches pour moi, pour ma collection particulière comme je vous l’ai dit. Cela ne me gêne aucunement. &
Re – à vous
À bientôt, prévenez moi de votre arrivée parce que je travaille à mon atelier 13 rue Labie & je ne suis que le soir & le matin à mon appartement de la rue Richelieu.
FR
Page 1 Verso : 2
2e P.S ! Impossible avant deux ou trois jours l’envoi du frontispice du Vatican. D’abord, votre réponse puisque nous nous étions mal compris. Je ne tiens pas à rien vous imposer. – Le jeu n’en vaut pas la chandelle – même d’Arras ! – Je vous prêterai même pour rien mon cuivre si vous étiez dans l’embarras. – Puis je ne veux pas lâcher avec des machines qui me déplaisent, or le dessus du dessin où est le titre me déplaît, Je le fais enlever par le planeur, voilà, la planche est chez mon planeur. J’y graverai demain un autre titre quand la planche va me revenir !
Commentaire de collaboration
Au 13 rue Labie à Paris, Rops y occupe un atelier dès 1880.
Le planeur est un artisan qui aplanit, dresse et polit les planches de cuivre destinées à être gravées