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Je suis tout à fait de votre avis, je préfère la tête souriante de Boccace au nez de St Vincent de Paul, mais je vous assure que bien peu de gens pensent de même, et qu’il y a ici des courants de bégueulerie qui penètrent même dans les endroits où l’on devrait, ce me semble, être à l’abri de pareils miasmes. –
Rabelais et Mathurin Regnier riraient fort si d’aventure ils pénétraient au Café Bouvet les soirs où quelques esprits « dignes et sérieux » entament la question « de la moralité dans l’art » pour l’amour du diable ! qu’ils laissent la morale en repos et qu’à donc à voir l’Art en ces matières ? – les cuistres vertueux seront toujours bien drôles, et pour ma part je suis fier de mon peu de vertu, si j’en avais, je serais forcé de considérer ces imbéciles comme mes frères – Grand merçi ! Je vous enverrai les dessins dès que MMrs de la Bibliothèque seront rentrés de leurs vacances – lesquelles vacances finissent
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Dimanche prochain – le cabinet des Estampes est fermé cette semaine. – Je ferai avec plaisir ces dessins en dédommagement du Gam.
Rien de nouveau – j’ai remis la chose à Delvau.
Commentaire de collaboration
L'opposition entre Giovanni Bocaccio (1313-1375), auteur du Decameron considéré comme l'un des créateurs de la littérature italienne avec Saint Vincent de Paul, Rops évoque très certainement sa préférence pour les sujets profanes et paillards aux écrits moraux.
Le Café Bouvet, appelé aussi Café de Madrid était un établissement du Boulevard Montmartre qui durant le Second Empire est le lieu de rassemblement des républicains et des futurs communards. L'homme d'État Léon Gambetta (1838-1882) y aurait rencontré Charles Baudelaire (1821-1867) et Auguste de Villiers de L'Isle-Adam (1838-1889).
« les cuistres vertueux seront toujours bien drôles, et pour ma part je suis fier de mon peu de vertu, si j’en avais, je serais forcé de considérer ces imbéciles comme mes frères » : dans les années 1860, un débat fait rage entre les partisans de l'art pour l'art et ceux qui défendent un art utile, jugé comme plus moral. C'est le cas notamment de Théophile Gautier (1811-1872) dans la préface de Mademoiselle de Maupin (1835) lorsque ce dernier écrit « La vertu est assurément quelque chose de fort respectable, et nous n’avons pas envie de lui manquer, Dieu nous en préserve ». Cette revendication d'une esthétique pure, de l'émancipation de l'art par rapport à la morale conduit à une autonomisation lente des champs de production culturelle en France au 19ème siècle.