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17 mai 1896. Demi-LuneEssonnes (Seine & Oise)
Pour commencer c’est entendu le 24, jour de la Pentecôte je t’attends. Ma fille sera très probablement ici, pour deux ou trois jours.
Reçu « le petit Bleu » l’article n’est pas mauvais et il dit des choses justes. Qui donc est Boisroger ? – La reproduction de la photogravure, la vue de ton atelier est assez curieuse, seulement Mon Vieux, ton chapeau de Huguenot m’intrigue. Je vous félicite Bénard & toi de la publication de votre série de luxe, et de commencer par le mort de Lemonnier avec illustrations de Meunier. Quand tu verras Lemonnier fais-lui mes compliments. C’est un artiste de talent et de grand talent. Il y a peu de livres qui valent le mort et Cachaprès, dans les publications modernes.
apporte toujours du vernis Berchmans, nous ferons un essai ensemble, et peut etre lui trouverons nous des qualités innommées & introuvées.
Il faut Mon Cher Rass, c’est convenu, venir le 24, Dimanche matin tu resteras ce que tu voudras. Les rosiers commencent à fleurir, ce n’est pas un mauvais moment. Malheureusement la pelouse est coupée par des tranchées qui sont destinées à conduire l’eau de la route dans les parties basses du jardin. Ce sont des travaux importants pour moi ! En outre je fais une écurie recouverte d’un atelier de peinture, de sorte que la maison et le jardin sont à l’état de chantiers. J’espère que cet avatar sera ma dernière transformation. Je crois qu’il faut avoir dans la Vie, sur la Terre, une maison où l’on enferme ses espoirs derniers, si on a le bonheur d’en garder. Je veux ou plutôt les médecins veulent que je retourne chaque hiver vers le soleil, soit Tunis ou soit l’algérie. L’Été je reviendrai en France ou en Belgique dans les Expositions, où je pourrai vivre !! voilà. Peut être aurai-je besoin de vous et de votre amitié pour mener à bonne fin ce que j’ai dans la caboche, nous en causerons dans nos promenades demi-Lunaires.
Dans tous les cas Mon Cher Armand je serai Dimanche 24 dans la cour de la gare de Corbeil
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avec n’importe quel de mes canassons et de mes bricoles de hasard, pour aller vous prendre toi et notre ami Detouche qui sera enchanté de te voir.
À bientôt, donc.
Félicien Rops
Commentaire de collaboration
Le projet de l'Imprimerie Bénard n'eut pas de suite car, selon Maurice Kunel, Le Mort n'yfut pas édité. L'édition originale s'est faite à Bruxelles en 1882 avec un portrait de Camille Lemonnier (1844-1913) par Louis Lenain (1851-1939). Constantin Meunier (1831-1905) illustrera en 1903 une nouvelle édition du roman de l'écrivain naturaliste.
Le testament dont parle Rops à la fin de la lettre fut remis le 14 juillet 1896 à Armand Rassenfosse alors que Félicien était en visite chez son ami au 334 rue Saint Gilles à Liège.