Numéro d'édition: 3426
Lettre de Félicien Rops
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Lieu de rédaction
Dalécarlie
Date
1880/07/21
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
CPW/5
Date de fin
1880/07/21
Lieu de conservation
Collection privée
Apostille
1880/07/21
Aucune image
Page 1 Recto : 1
Mardi 21 juillet 1880
Mes Chers amis
Je suis absolument bien embêté de ce que j’ai fait, mais vous allez voir qu’il n’y a nullement de ma faute ou plutôt qu’il n’y a de notre faute ni aux uns ni aux autres : Je reviens d’Espagne, tous les Belges que je rencontre ici me parlent de l’Exposition de notre ami Dubois, je lis dans les journaux spéciaux des comptes rendus de la chose, je t’écris Mon Vieux Lambrichs de m’envoyer des nouvelles, tu ne me réponds pas & le surlendemain de l’envoi de ma lettre, je reçois une lettre me demandant mon prix pour l’achat des Cigognes. J’ai cru que c’était toi, qui me faisait parvenir officiellement cela par l’entremise de Rousseau !!
J’étais très embarassé, la lettre avait été envoyée chargée rue Labie 13. Il y avait quatre jours que je n’avais été rue Labie, car si la lettre était timbrée du surlendemain de l’envoi de la mienne, comme je te l’ai dit tout à l’heure, je ne l’ai tenue en main que quatre jours après son arrivée. Et on
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me demandait une réponse immédiate ! J’ai craint de faire manquer la vente & j’ai répondu par retour du courrier. Comme je n’ai aucune idée des prix faits par vous j’ai été au petit bonheur, je me suis dit : Ils savent que j’ai payé les Cigognes 1200 frs, cela revient à deux mille francs avec les transports intérêts &c &c – Je vais leur demander 2,600 frs en tout en leur disant que j’abandonne 600 frs aux enfants Dubois. Je comptais naturellement comme toujours leur laisser ce qui excédait les 1200 francs !, mais vis à vis de l’Administration je voulais démontrer ce qui est d’ailleurs vrai, que ce tableau me revenait à deux mille francs & qu’en demandant deux mille 600 francs, je me contentais d’un modeste bénéfice pour la famille. Je ne suis plus au courant, moi, – je connais la pingrerie du Gouvernement & j’ai pris comme base les prix offerts à Dubois avant sa mort !
Votre faute la dedans, mes vieux amis, avouez le bien, a été de ne pas me prévenir, de laisser ma lettre ½ mois sans réponse, (il y a plus de trois semaines que j’ai écrit,) – Et même, moi n’écrivant pas, ne sachant pas même si vous aviez fait des démarches, je devais être prévenu. Vous deviez bien vous douter que l’on m’écrirait ! Et
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il fallait me mettre en garde.
– Dites moi le texte de la lettre à écrire au ministre & s’il faut l’adresser à l’Administration des Beaux Arts ou au Ministre. – Par retour du courrier dites moi cela.
Si je disais, que, ne recevant pas de réponse (j’avais aussi moi demandé une réponse immédiate) j’ai abandonné le tableau des Cigognes à la succession Dubois ? – Consultez vous mes Chers Vieux Amis & croyez que je rectifierai toujours tout ce que vous ferez relativement à cela.
Tu comprends maintenant Mon Cher Edmond que je ne suis pas devenu « plus migrant » et que c’était au contraire pour avoir plus, que j’écrivais cela au ministre, & ce plus allait aux enfants Dubois, – seulement je ne savais de quel taux, partir ! Je n’étais pas « au courant » ! Il fallait que je fusse prévenu !
Agneessens m’avait écrit dans le temps pour acheter mille francs la table de Jeu. Si tu trouves un amateur il y aurait là encore un petit reliquat pour les enfants.
Je suis très embêté qu’on ait parlé de cela Mon Cher Edmond, ces choses là doivent rester secrètes, – il n’y a eu
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qu’un devoir rempli & encore à moitié ! – Lagye & Lemonnier ont fait là une sottise inconvenante.
À toi À vous.
Fély
Il y a ici un petit tableau de Dubois que j’avais acheté pour 400 francs à Dubois, en remboursement à l’époque de Beez, il y a des figures de Moi – assez curieux & intéressant tout cela. Il est signé Rops & Dubois. – J’ai ajouté les figures il y a un an, je n’ai pu l’envoyer à l’Exposition, il était chez Camille Blanc à l’époque de l’Exposition (il s’y trouve encore, je l’avais prêté à Camille, qui fait de la peinture & voulait le copier) Camille Blanc se trouvait en Écosse & le tableau était enfermé chez lui. – Il y a encore une petite toile où j’ai ajouté une figure celle la est l’esquisse d’un tableau de Louis et me coûte cent francs. Si on pouvait avoir 6 ou 700 francs de la plus grande toile & 250 francs de la petite il y aurait encore 300 ou quatre cent francs pour la Succession. – Il faudrait trouver des amateurs. –
Si tu veux je t’enverrai cela.
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