Lettre de Félicien Rops

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Je ne me rappelle pas du tout ce que vous voulez désigner par : La Marchande d’Amour. Aucune pièce ne porte ce titre. Envoyez moi un petit croquis de la chose, et je vous répondrai immédiatement. Je ne sais si je peux vous donner l’autorisation que vous me demandez. Beaucoup d’œuvres appartiennent soit à des particuliers, soit à des éditeurs qui m’ont acheté la propriété de ces œuvres, & qui, sur l’heure n’hésiteraient pas à poursuivre, appuyés par les lois qui gèrent la propriété artistique internationale, les reproducteurs, & les vendeurs de ces œuvres contrefaites.

Je ne peux donc vous donner une autorisation pour une œuvre que je ne connais pas. Est ce une femme assise sur un panier rempli d’amours, ayant à coté d’elle une vieille femme qui appelle les chalands ? – Si c’est

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cela la propriété de ce dessin appartient à Mr Rodrigues avocat 16. Rue Moncey à Paris, c’est la Foire aux amours. Peut être pourrai-je lui demander pour vous cette permission, mais auparavant je désirerais deux choses 1° que vous puissiez m’envoyer une ou deux épreuves de vos eaux-fortes, afin de savoir si pouvez sortir convenablement de ce travail. Notez que je n’ai jamais vu aucune eau-forte de vous, donc ma demande ne peut vous blesser.

2° que cette pièce soit signée de vous, car je ne veux pas que l’on vende, comme de moi, une pièce qui n’a pas été gravée par moi.

Il y a un mois, le propriétaire du dessin le Satan semant l’Ivraie a fait saisir à Genève, tous les exemplaires d’une gravure sans nom d’auteur, & le dépositaire a été condamnée à 2,500 frs de dommages-intérêts & à la destruction de la planche. – Puis vous me direz entre nous, qui vous commande ce travail. – Cela restera entre nous. – Je regrette beaucoup de ne pouvoir vous venir en aide plus efficacement, mais à nous-mêmes Paris coûte les « yeux de la tête », & nous sommes bien souvent à court d’argent comme au début de la carrière.

Il ne faut pas trop vous désespérer

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Il y a dans les croquis que vous voulez bien m’adresser des qualités que le travail rendront plus sérieuses : Le sentiment du mouvement, & une certaine fougue qui ne me déplait pas. La femme n’est pas mal dessinée. Puis vous vous êtes mesuré avec une des scènes plus difficiles du livre.

Quand vous m’enverrez « un échantillon » de gravure, je vous jugerai mieux.