Lettre de Félicien Rops

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J’ai reçu votre très aimable lettre, & j’ai à vous remercier de la pensée qui vous est venue. Personnellement, je vous accorde avec grand plaisir, la permission que vous me demandez. Mais, je ne suis pas propriétaire de la Tentation de St Antoine. Si vous obtenez la permission de Mr Picard à qui le dessin appartient, tout sera dit.

Quant au buste, si je reste à Bruxelles quelques jours en février prochain, je me mettrai à votre disposition, & je vous suis reconnaissant, d’avance de l’offre gracieuse que vous me faites.

Pour les conseils : je vous dirai à l’occasion le peu que je sais, & je sais réellement fort peu de chose ; je ne suis ni un artiste « arrivé », ni un « maître », je ne suis qu’un chercheur

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& qu’un inquiet ; & je vous assure que devant la Nature, le pinceau, la pointe, ou le crayon tremblent toujours dans ma main comme aux premiers jours.

Si vous venez par hasard à Paris, prévenez moi quelques jours auparavant, car je vis en ermite, & je m’enferme souvent dans un petit recoin perdu sur les bords de Seine, près de la Forêt de Fontainebleau. Je ne vis guère à Paris que deux ou trois jours par semaine.

Ne vous découragez pas, il ne faut jamais se décourager ! Notre vie à tous, & c’est notre honneur, est faite de luttes, quelquefois glorieuses, toujours cruelles. Lorsque l’on veut être artiste, il faut penser que l’on ne goûtera qu’un seul bonheur : celui qui consiste à l’être, si on l’est réellement ; – cela doit suffire aux fiers & aux valeureux.

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