Lettre de Félicien Rops à [François Nys]

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Me voici, mon Cher ami « sur les bords fleuris qu’arrose la Seine » où cette vieille prude de Madame Deshoulières embêtait ses brebis en leur récitant ses « poésies fugitives ».

– Je suis venu pour surveiller mes vendanges et regarder les vendangeurs pincer le muscle grand fessier des vendangeuses. « C’est ce qui donne le “bouquet à notre vin !” clame notre maire “grand chevaucheur de bachelles, et vuideur de pots itou, ainsi qu’il convient

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à un brave maÿeur du païs gâtinais ! Le vin est bon, les « bachous » pèsent lourds aux épaules des filles, faisant jaillir superbement l’effronterie des tétons, les blancs des bonnets chantent dans les pourpris des clos, sous les ciels d’un bleu automnal & clément ; le joli ton frais, – couleur de chair, – des jambes nues, que, sans vergogne montrent fièrement les vendangeuses, et que les gâs balafrent de bleu, oh, très haut ! avec les grappes colorées des Gamays : tout cela fait un joli spectacle bien Gaulois, qui vous illumine les yeux & vous ébroue le cervelet, en sortant de cette Bretagne au noir & coriace feuillage, aux sombres chênaies, aux croix de carrefour, évocatrices de mort, au granit plus sombre que ses enfants, aux mers lamentables et suppliantes !

Ici, quand les filles se lèvent du cep, et rabattent leurs jupons sur les stigmates vineuses des caresses, ce n’est pas la divine Pudeur chrétienne qui leur noie les yeux, mouille les commissures de leurs lèvres, et leur fait monter le sang aux joues : c’est l’antique émoi des Bacchanales et des troublantes Priapées, qui a travers les siècles fait tressaillir & s’allumer les Pubertés grisées, & prêtes aux sacrifices ! Pan et le divin Bacchus sont les dominateurs éternels ! Éternels dresseurs des :

« Clithoris aimés que jalousent les roses »

ainsi que le chantait en ses vers, le bon poète Henri Cantel, un peu trop sodomiste cependant à ce que l’assure Verlaine ! – en ses Propos de table !

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