Page 1 Recto : 1
C’est à se flanquer la tête à la muraille mon Cher Armand, j’ai tous les guignons, je suis réellement dans une déveine atroce. Ma femme est au lit & ne peut partir. Je suis tellement ennuyé & désespéré que si je n’avais pas la certitude que je suis le seul qui puisse faire notre journal & que nous tenons là tous les deux une belle affaire d’argent que je te rendrais ma parole & que je te laisserais faire ce journal avec un autre. Mon frontispice sera prêt demain ou Lundi matin au plus tard & je ne peux partir, non seulement parce que ma femme est malade et a une très forte fièvre, mais parce qu’Herman qui avait promis d’arranger mes affaires pour cette semaine n’a pu le faire. C’est réellement à lâcher tout & à se foutre à l’eau. Que le diable m’emporte ! je crois décidément que je ne ferai rien qui vaille.
Je crois que le frontispice fera un grand effet il est soigné comme un dessin d’exposition. J’ai pris le Cantabis
Page 1 Verso : 2
qui Cantavit avec les ruines
Si Malassis trouve à redire nous mettrons – Impavidum ferient ruinae –
il me semble que « les ruines le frapperont sans l’émouvoir » est terriblement en situation »
Enfin – console moi, je suis tellement découragé que j’ai l’envie de ne plus mettre les pieds à Paris de ma vie. – Dans tous les cas, il faut que je parte vers le milieu de la Semaine & mort ou vif je partirai & je resterai avec toi le mois de juillet entier afin que notre affaire puisse marcher comme elle doit marcher –