Page 1 Recto : 1
LA VIE MODERNE !!!!!
Doux Idiot,
Quand pars-tu pour les pays Bretons ? Je vais demain à Anvers pour prendre la Dame au pantin & je t’envoie deux des croquis de guerre – pour Louis – au petit bonheur, – sans préjudice des deux marins –
J’attends une lettre de toi pour savoir si je dois adresser ces croquis à Brest, à Paris, & savoir où tu es puisque tu n’as pas donné signe de stupidité depuis ton départ.
Je regrette de plus en plus de ne pas avoir prévenu Mr & Mlle Regnier (à qui tu présenterais mes amitiés, saltimbanque !) de ta putréfaction morale & épinairéenne. – Où faut-il expédier. Chiourme ?
Amitiés de tous.
À toi mon boulet
Fély
Page 1 Verso : 3
La journée ou plutôt la soirée (& le reste !) de Dimanche dernier ont été fantastiques !
À cinq heures du matin – Lundi ! –
Je me livrais à des poésies en ce genre faux & méprisable
mais digne ! – je ne connais pas l’auteur, heureusement !
– À une jeune chantiste endormie laquelle estait là par la vraie amour dont elle estait férue pour un tailleur d’imaiges :
Tu dors lasse & câline au fond du lit. Tu croises
Tes mains, frêles défenses, sur tes seins blancs et ronds
Tu murmures parfois ton rêve en mots profonds
Et ta lèvre entr’ouverte a le ton des framboises !!!!
Continue à rêver de musiques étranges
Des chansons de Gouzien & de sonorité.
Sans doute tu te vois chantant par charité
Au profit des damnés dans le chœur des Anges !!!!!!!
Et cependant que Messer Phébus issait en travers la Parsienne, tout embrillante & goldronnée en sa fraise de rayons comme un Cavalier Espaignol la petite bachelette allant s’éveigliant, baisa bien mignottement iceluy figureur de haulte lice, lequel sembla trépasser de joye comme si Monseigneur Saint Luc son patron lui eut demandé pour le bon Diet, de pourtraicturer tout son Saint Paradis !
Et voilà le résultat de ta présence en ces lieux !
À toi