Lettre de Félicien Rops à [Marie] Inconnue. [Paris], 0000/00/00. Province de Namur, musée Félicien Rops, LEpr/225
Page 1 Recto : 1
Je n’ose t’écrire longuement, je crains de te compromettre Chère Mignonne aimée & tu sais combien ton repos & ta réputation me sont chers. J’ai hâte de me retrouver auprès de toi & Paris que j’aime tant me devient odieux. Avec quel bonheur je vais de nouveau baiser ta chère petite main & te dire combien je t’aime ! Aime moi bien Chère petite aimée, pense à moi comme je pense à toi, dans quelques jours nous serons réunis de nouveau, & il me semble qu’en attendant mes baisers iront trouver tes lèvres à travers les espaces maudits qui nous séparent. Je t’aime !
Brûle ceci, je tremble que cela ne tombe en d’autres mains que les tiennes. Défie-toi de tout le monde cachons notre bonheur, & comme tous les bonheurs cachés il n’en sera que plus précieux & plus doux. –
– Si tu as une seconde & que tu sois certain & que tu sois certaine de ne pas être vue écris-moi poste restante à Paris deux mots : Je t’aime. – Cependant en y réfléchissant j’aime encore mieux que tu ne m’écrives pas, c’est trop dangereux & je me défie de ta petite tête depuis la lettre de l’atelier qui était destinée à Liesse.
Toute ma vie ici peut se résumer en ceci : Je pense à toi, je t’aime, je te suis fidèle & je travaille. –
Dès mon retour, je prendrai un prétexte pour aller chez toi. Je ne ferai que traverser Bruxelles parce que je dois aller à Namur, mais je t’aurai vue je t’aurai parlé & je serai heureux déja.
J’irai toujours poste restante Vendredi mais ne m’écris que sans danger. Inutile d’affranchir. – Ma bouche dit à la tienne en mille baisers amoureux combien je t’aime follement.
Ton.
