Lettre de Félicien Rops à Inconnu Boyer d'Agen. Paris, 1888/04/27. Paris, Fondation Custodia, 1972/A/831/1
Page 1 Recto : 1Paris 27 avril 1888Mon Cher Monsieur BoyerVous n’y êtes pas : – il n’y a rien du tout que les résultantes de mes propres travers cérébraux, plus impardonnables que des vices ! À certaines saisons je me sens pris de nostalgies indéfinissables, de besoins irraisonnés de fuir : « plus loin » ; du dégoût de tous les êtres, – & de moi, en chef !! – Une clairvoyance sinistre de notre noire bêtise me fait rêver des œuvres plus sinistres encore ; & je me fuis moimême, comme un reflet des actuelles humanités. Je me sens sans force, sans puissance, & sans talent pour rendre les laideurs d’aujourd’hui ; & je souffre de mon inanité, & de mes anéantissements. Pendant ces heures tristes, relégué dans quelque coin perdu, ou errant comme un chien mordu dans des paysages mornes, je n’ai souci de rien. Je ne réponds plus aux lettres, & les vibrations dans l’air des paroles humaines me sont cruelles ou odieuses. J’ai ma menstruation morale ! Je change de peau, comme les lézards, & j’atten